samedi 19 décembre 2015

Cabot Trail


Prologue


C’est avec un retard considérable que je me suis finalement décidé à écrire ce blog.  La Cabot Trail fut un voyage difficile, avec son lot de mauvaise température et de malchance avec mon automobile.

J’avais initialement prévu partir le mercredi pour une première partie du voyage, en prévision de terminer la portion automobile le jeudi et commencer la première partie du voyage à vélo.   Finalement, je me suis plutôt retrouvé à faire des préparatifs mercredi et ce n’est que jeudi matin que je me suis mis en route avec l’intention de faire le trajet d’un coup.  La journée était superbe, le temps ensoleillé et chaud, mais mon plaisir de conduire fut de courte durée parce que mon moteur se mit à surchauffer un peu après Lévis.  J’ai perdu le reste de ce glorieux après-midi à attendre, chez le concessionnaire à Lévis, que ma voiture soit réparée.


Jour 1 Vendredi: Antigonish – Port Hastings
70km


J’ai ensuite repris la route jusqu’à Frédéricton ou j’ai dormi.  Le lendemain, lorsque j’ai repris la route, évidemment, le beau temps n’était plus qu’un souvenir et j’avais gaspillé une belle journée pour rouler jusqu’à Antigonish. 

En arrivant à Antigonish, j’ai lunché au Mcdo du coin alors que la pluie tombait.  En prenant un peu mon temps, j’ai réussi à laisser passer la pluie.  J’ai roulé un peu ensuite pour trouver un stationnement acceptable.  J’ai trouvé celui-ci à l’aréna, où j’ai stationné un peu à l’écart, sur le bord de la rue Fairview, à deux pas du poste de police.  Lorsque je me suis mis finalement en route, le temps était maussade, mais au moins il ne pleuvait pas.

Le temps de préparer le vélo, je me suis finalement mis en route au début de l’après-midi.  Le temps était gris, frais, la route pas si mal.  Un bon accotement sur la 104 sauf aux traverses de ponceaux où il faut bien se coordonner avec le trafic rapide mais pas trop agressif.  Aucun accotement sur les routes secondaires, mais des automobilistes calmes facilite les choses.




Je suis arrivé à Port Hastings en début de soirée où j’ai couché au premier motel en sortant du pont, le Skye Lodge.  L’air de rien, vide, la salle à manger fermée, mais propre.  J’ai soupé d’un sandwich Subway acheté avant de traverser le pont.


C’est la traversée du causeway qui s’est avérée la plus excitante.  Un très faible accotement et un trafic plus intense rendait les choses délicates.  Rendu au pont, un trottoir du côté ouest seulement, oups !  Vaut mieux le prendre quand même.




Jour 2 Samedi: Port Hastings -  Inverness
100km

La journée commença mal, avec de la difficulté à reprendre la route vers la piste cyclable qui longe les écluses.  La route était très achalandée, avec un enchevêtrement de bretelles difficiles à négocier.



Pour aider les choses, la piste cyclable était introuvable.  Après avoir perdu un certain temps à tourner en rond aux abord du pont et d’un panneau touristique, j’ai finalement rencontré un employé qui m’indiqua que la piste débutait le long du bâtiment des écluses - rien de plus qu’un sentier qui devient une piste s’éloignant sur cette langue de terre et de pierre.

Bien vite, ce sentier devint de plus en plus impraticable.  En fait, il n’y avait plus de sentier, que cette langue de terre et de pierre de rivière, de plus en plus étroite, bordée d’algue laissées par la marée, faisant naitre une inquiétude grandissante.  Après avoir ralenti, puis ensuite marché en poussant mon vélo, j’abandonnai.  Je n’étais même pas certain de pouvoir me rendre de l’autre côté à gué, et je ne voulais surtout ne pas me retrouver les pieds à l’eau à cause de la marée. Je fis donc demi-tour et pris la route.




J’ai rejoint éventuellement la piste que je cherchais, la Celtic Shores Coastal Trail qui longe la route « Ceilidth Trail ».  Il suffit de bifurquer un peu plus loin, sur une des  rues secondaires qui descendent vers le rivage.




La piste est agréable et belle mais lente à cause de cette pierraille sablonneuse qui la compose. J’y ai roulé un certain temps et j’ai éventuellement repris la route pour accélérer les choses un peu.  Après un lunch à un café for sympathique, le Celtic Music Interpretive Center à Judique, j’ai continué jusqu’à Inverness après être passé par Port Hood et Mabou.  Je suis arrivé à Inverness fatigué à la fin de cette première journée fraiche au Cap Breton.  Les petites cabines du Inverness Beach Village furent irrésistibles. D’autant plus que le propriétaire m’offrit d’aller me chercher une pizza au resto un peu plus loin!










Jour 3 Dimanche : Inverness – Cheticamp
64km

En route vers Cheticamp, cette fois la route s’annonçait plus agréable, avec le soleil beaucoup plus présent et le plateau de montagnes du Cap qui s’annonçait à l’horizon des détours.  Même les renards me souhaitaient (presque) la bienvenue.










Arrivé tôt, j’en ai profité pour rouler le long de la pointe, avant de revenir sur mes pas camper au camping St-Pierre.








Jour 4 Lundi : Cheticamp – Pleasant Bay
60km




Lundi matin, le temps est superbe.  Parfait pour l’ascension de la première montagne – French Mountain.  Je passe un moment à Cheticamp chez Vélo Max Cycling pour effectuer une réparation sur le vélo avant de continuer vers le parc.  L’entrée dans le parc du Cap Breton se fait peu après avoir quitté Chéticamp. 


Après quelques côtes pour se faire les jambes, l’ascension commence, la chaleur aussi !  La montée se fait le long du flanc ouest et le soleil tape fort.  Un enseigne annonce le programme : 11% sur 6 km à 29C.  Pas un nuage dans le ciel, un temps de carte postale - avec la météo des derniers jours, c’est inespéré.  Et pour la partie la plus scénique du voyage !


La chaleur tape et je dois faire des arrêts fréquents pour boire.  Mes deux gourdes pleines y passent. J’en oublie de prendre des photos.  Heureusement, un source à mi-chemin me permet de remplir ma nouvelle bouteille munie d’un filtre intégré .




Près de deux heures plus tard, le sommet apparait et juste un peu avant, l’entrée de la Skyline Trail.  La Skyline est un sentier pédestre qui parcours le sommet et redescend vers le flanc de montagne en offrant une vue superbe vers la côte au sud et Cheticamp au loin.  Elle offre aussi un point de vue spectaculaire sur la French Mountain que je viens de monter.



Un peu de marche, un bon lunch en admirant la vue sans aller jusqu’au bout de la trail qui redescend le flanc de montagne – il faudrait la remonter !  Je garde mes forces pour le vélo.

Au retour, un dernier effort pour se rendre au sommet à 455m au dessus du niveau de la mer et ensuite, c’est le plateau du Cap, je roule sur le toit du monde !
















La descente commence ensuite vers Pleasant Bay.  Un sérieux test pour mes freins dont j’ai changé les tampons pour ce voyage en prévoyant deux paires de rechange.  La route en lacets ne permet aucune vitesse excessive.  Malheur, les tampons de freins sont trop durs et je dois tirer de toutes mes forces sur les manettes pour maintenir une vitesse raisonnable.  J’en viens à craindre de péter un câble. La descente est balisée de quelques belvédères où j’arrête tant bien que mal pour ménager ma poigne, mes freins, et refroidir les jantes.

La technique est périlleuse.  Incapable de ralentir pour arrêter complètement, je dois ralentir un maximum, en prendre large vers la gauche et revenir dans une courbe serrée vers le belvédère en remontant la pente au point où mes sacoches avant frottent à terre tant la courbe est serrée.

Rendu à Pleasant Bay, je me suis arrêté au Mid Trail Motel, près de la plage.  J’ai passé le reste de la soirée à relaxer en faisant de la photo sur la grève.



 






























Jour 5 Mardi : Pleasant Bay – Jumping Mouse
46km

Aujourd’hui, je m’attaque à la North Mountain.  Plus difficile que la French parce qu’un peu plus abrupte.  Un panneau annonce le menu pour les prochaines 90 minutes, 4km et 13  %.




Avec le gradient, la température monte et monte…. Et ma vitesse baisse et baisse tout autant.  Je dois me concentrer pour pédalier le plus fort possible, mais en tournant les manivelles le plus efficacement possible et tout en maintenant un rythme régulier et soutenable. Mon odomètre indique 34C et 4km/h ! J’ai même vu 3,5 km/h. 


Je me concentre sur ma respiration, tourne les pédales, pendant de long moments, je suis dans ma bulle. La sueur me coule dans les yeux et me brule.  Je dois rouler la tête penchée et je pédale au rythme des gouttes de sueur qui tombent sur mon guidon.


La chaleur tape et je dois faire des arrêts fréquents pour boire.  Mes deux gourdes pleines y passent. J’en oublie de prendre des photos.  La montée se fait vers l’intérieur, donc la vue est beaucoup moins spectaculaire.

La descente est rapide, même technique que la veille.

Je traverse le Cap, et rendu l’autre côté, je m’arrête au parc Cabot Landfall, là où Giovanni Caboto aurait touché terre en 1497.




Ensuite, c’est la route un peu morne après les montagnes spectaculaires, en direction du camping pour la nuit.  Le terrain est vallonné, non sans rappeler les Laurentides.





Situé presque au bout du Cap, le Jumping Mouse Eco Campground se veut un camping écologique, mené par une propriétaire écolo et sympathique qui me fait le tour du propriétaire. 

Elle s’inquiète de ma tente en m’avertissant que le vent peut être fort dans ce coin. Je sais que je n’ai rien à craindre et je prends soin de monter la tente avec le double jeu de haubans.  À mon retour je la trouve en train de regarder ma tente avec un campeur – elle est rassurée !





Jour 6 Mercredi : Jumping Mouse – Ingonish (Keltic Lodge)
72km

Cette nouvelle journée s’avère maussade.  À peine un 16C sous la pluie.  Fini le temps magnifique des derniers jours.  Je dois revenir sur mes pas pour rejoindre la Cabot Trail et prendre la direction du retour par le côté est en longeant le Lac Bras D’Or.
























Je m’arrête à moitié gelé à Neil’s Harbour pour diner au réputé Chowder House (90 Lighthouse Rd, Neils Harbour, NS B0C 1N0).

Après un peu d’attente, un …chowder, évidemment réussira à me réchauffer.  Accompagné d’un lobster roll et un bon café, je retrouve un regain d’énergie dont j’aurai bien besoin pour ce temps froid.

La pluie finie par passer mais le temps reste gris et froid.

À la fin de la journée, déception, le camping de Ingonish est fermé – je dois me rabattre sur mon plan B, le luxueux Keltic Lodge.  Quel dommage !  Mon arrivée ne passe pas inaperçue, alors que je me glisse en full cycling/rain gear parmi les touristes amateurs de golf.

Une fois le vélo mis à l’écart et en sécurité, le service attentionné, la chambre chaude, un bon repas de homard et une bonne bouteille de vin me font voir la vie sous un autre angle.

Aujourd’hui, j’ai pris peu de photographies et j’ai de la difficulté à me remémorer cette partie du voyage.



Jour 7 Jeudi : Ingonish (Keltic Lodge) - Baddeck
95km

Si hier était froid, aujourd’hui s’avère encore pire – de la pluie, 13C.

J’avais l’option de traverser vers Sydney et redescendre la 223 en longeant la rive Est d’un bras du lac mais avec la pluie incessante, je décide de couper court et de continuer sur la Cabot Trail vers Baddeck.  C’est donc direction Englishtown sur la 312, pour prendre le petit ferry sous la pluie.

Un obstacle se dresse cependant, une dernière montagne à enjamber – Smokey Mountain qui culmine à 370m.  Facile comparativement à la French ou la North.



Rendu en haut, sur le plateau, je m’arrête au bord du chemin pour un petit repos.  Un camionneur passe tout près, roulant à toute vitesse avec son mastodonte, sans se donner la peine de s’écarter d’un pouce sur la route déserte. Parmi la faune du Cap, j’aurai donc vu un renard et un trou de cul, le seul du voyage.

Le paysage est beau, malgré le temps – qu’est-ce ça doit être quand il fait soleil !





La journée se passe sous la pluie battante.  Après le ferry, la route 312 rejoint la 105 qui devient une autoroute.  Deux voies rapides dans chaque direction, 100kmh, mais un large accotement ou je me sens en sécurité.  C’est quand même la pire partie du voyage. 

Je roule sous la pluie parfois forte, les embruns et le bruit des camions jusqu‘à un moment ou je dois arrêter pour un appel de la nature.  Je m’exécute après avoir rejoint le boisé qui longe la route en contrebas.  Totalement misérable, trempé dans mes bas et mes gants de néoprène, sans avoir froid tout de même, je pars d’un fou rire devant cette situation que d’aucun trouverait dégueulasse. 

Are we having fun yet ? You bet mon ti-pet ! 

Le temps d’une collation et je repars vers Baddeck que je rejoins finalement, fatigué et écoeuré tout de même du froid et de la pluie.

À Baddeck, aucun hôtel ne m’inspire et je finis par continuer mon chemin.  Grand bien m’en fasse, je trouve un motel bien tenu, le Cabot Trail Motel, avec salle à manger.

http://www.cabottrailmotel.com/2013/index.php

Un repas chaud et une douche me remontent le moral.



Jour 8 Vendredi : Baddeck - Linwood
108km

La journée s’annonce meilleure que les deux dernières.  Un ciel nuageux, le soleil quand même présent, chaud, 18-27C .

Je repars vers Canso Causeway en passant par Whycocomagh, Kingsville et finalement Port Hastings.  Le passage à l’intérieur des terres est moins intéressant, mais il fait beau, la vie est belle.  La route est variable, à une voie, parfois deux, avec ou sans accotement, mais le trafic est plus calme et on me contourne sans problème, même les camionneurs.

Je roule et je prends peu de photographies.



Je fini par traverser le Canso Causeway et je continue sur la vieille route 4 qui évite la 104 en serpentant selon un chemin presque parallèle à celle-ci.


Je campe au Linwood Campground après une belle journée en selle.

Ça sent la fin de voyage. Demain, c’est le retour à Antigonish et après, le long retour en automobile.


Jour 8 Samedi : Linwood - Antigonish
40km

Après un 40km sans histoire qui m’oblige tout de même à rejoindre la 104 pour ne pas faire trop de détours, j’arrive à Antigonish où je finis par retrouver ma voiture intacte après m’être mêlé dans ma carte, fidèle au poste dans le parking de l’aréna.

Déjà la fin.  Moins long que prévu, la pluie a eue raison de ma volonté et j’ai écourté mon voyage un peu.  Je n’ai pas pu apprécier le Lac Bras d’Or à sa juste valeur.  Sydney non-plus.

Pour clore le tout en beauté, je suis tombé en panne à nouveau après m’être arrêté faire le plein à Fredericton.  Panne de batterie à cause d’un mauvais contact !  Je dors dans le bout de Québec.  Au retour je change de voiture, c’est certain.